En janvier 1975, Antenne 2 débarque avec une série américaine qui va marquer des générations : *L’Homme qui valait trois milliards*. Adaptation française de *The Six Million Dollar Man*, le show met en scène **Steve Austin**, un astronaute transformé en cyborg après un crash aérien. Son secret ? Un bras, des jambes et un œil bioniques lui conférant une force surhumaine.

3 milliards d’anciens francs : l’astuce marketing qui a marqué les esprits

À l’origine, la série s’appelle The Six Million Dollar Man – une référence au coût des prothèses bioniques. Pour frapper les esprits en France, on convertit le montant en anciens francs, le titre fait référence aux 3 milliards d’anciens francs (avant la réforme de 1960), créant une confusion volontaire. Résultat : un titre qui sonne comme une prouesse technologique des Trente Glorieuses, bien que la conversion exacte soit erronée.

Succès français vs engouement américain

En France, la série bénéficie d’un doublage soigné et d’une programmation familiale. Les scènes d’action (courses-poursuites, combats) séduisent un public large, tandis que les gadgets futuristes fascinent les adolescents. À l’inverse, le public américain s’attache aux dilemmes moraux : Steve Austin doit-il obéir aveuglément à l’État qui l’a “reconstruit” ?

Après 5 saisons et 99 épisodes, la série s’essouffle en 1978.

La série The Six Million Dollar Man (L’Homme qui valait trois milliards) a connu un déclin progressif pour plusieurs raisons interconnectées :

1. Baisse d’audience initiale et dépendance au spin-off

Dès la deuxième saison (1975), la série perdait en popularité aux États-Unis, sortant du top 20 des audiences. Le lancement de Super Jaimie (spin-off centré sur Jaimie Sommers) a temporairement relancé l’intérêt grâce à des cross-over, mais cette stratégie a fini par diluer l’attention sur le personnage principal, Steve Austin.

2. Changements créatifs problématiques

• Tensions en coulisses : les scénaristes subissaient des réécritures non consultées, créant des incohérences narratives2.
• Épisodes inégaux : certaines intrigues (comme des extra-terrestres ou des chiens bioniques) s’éloignaient du réalisme technologique initial
• Échec du changement de look : la tentative de Lee Majors de modifier l’apparence de son personnage (moustache) a été mal accueillie par le public

3. Concurrence et fatigue de la formule

La série a souffert de la comparaison avec Super Jaimie, qui bénéficiait d’une approche plus novatrice avant de décliner à son tour. La saison 5 (1977-1978) a vu les audiences chuter malgré la résolution des tensions contractuelles avec Lee Majors, signant la fin d’une ère.

4. Évolution des goûts du public

Le mélange entre espionnage, science-fiction et drama sentimental, initialement innovant, est devenu répétitif face à l’émergence de nouvelles productions télévisuelles plus audacieuses à la fin des années 1970

De nouvelles productions télévisuelles plus audacieuses émergent à la fin des années 1970

A la fin des années 1970, la télévision américaine et européenne a connu un renouveau audacieux, marqué par des productions innovantes qui ont redéfini les standards narratifs et thématiques :

1. Séries-feuilletons hybrides (États-Unis)

La production Hill Street Blues (1981), développée par MTM Enterprises pour NBC, a introduit un format hybride mêlant épisodes autonomes et arcs narratifs longs, influençant des séries comme St. Elsewhere. Cette approche rompait avec les structures traditionnelles de séries policières ou médicales.

2. Comédies sociales engagées

• MASH (CBS, 1972-1983) : satire anti-guerre mêlant humour noir et commentaire politique2.
• Lou Grant (CBS, 1977-1982) : spin-off dramatique du Mary Tyler Moore Show, abordant des sujets journalistiques sensibles (racisme, corruption).

3. Représentations sociétales novatrices

Les séries de Norman Lear (All in the Family, The Jeffersons) et les productions MTM (Rhoda, Phyllis) ont intégré des thématiques féministes, des personnages LGBTQ+ et des débats sur les inégalités sociales, reflétant les mutations de la société américaine.

4. Séries européennes expérimentales

• Les Rues de San Francisco (ABC, 1972-1977) : mélange de polar urbain et de critique sociale4.
• Maîtres et valets (ITV, 1971-1975) : saga historique britannique explorant les tensions de classe avec un réalisme nouveau4.

5. Précurseurs des formats modernes

Des séries comme Côte Ouest (CBS, 1979) et Dallas (CBS, 1978) ont popularisé les cliffhangers et les intrigues entrelacées, annonçant l’âge d’or des soap-opéras des années 1980.

Ces productions ont émergé en réaction à la standardisation des genres des années 1960, profitant des mutations technologiques (caméras plus légères) et de l’évolution des attentes d’un public urbain et éduqué.

Que sont devenus les acteurs ?

Lee Majors (Steve Austin) : est devenu une icône pop ! Il enchaîne les rôles dans L’Homme qui tombe à pic (1981-1986) et il apparaît dans des films d’action (Starman).

Richard Anderson (Oscar Goldman) : on le verra de manière récurrente au cinéma dont dans le film La Mouche. Il prêtera aussi sa voix à des jeux vidéo jusqu’aux années 2000.

Lindsay Wagner (Jaimie Sommers) : star du spin-off Super Jaimie, elle se reconvertit dans le développement personnel après un Emmy Award.

Un reboot possible ?

Un projet de reboot de L’Homme qui valait trois milliards connaît un développement chaotique depuis près d’une décennie. Le film a subi de multiples reports et changements créatifs.

Évolution du projet

Initialement annoncé en 2015 avec le réalisateur Peter Berg (Du sang et des larmes), le projet a finalement été confié à l’Argentin Damián Szifron (Les Nouveaux Sauvages), oscarisé pour son travail scénaristique. Le titre a été actualisé en The Six Billion Dollar Man pour refléter l’inflation, passant des 6 millions de dollars originaux à 6 milliards.

Défis de production

Malgré un scénario finalisé en 2017 et un tournage prévu en 2016 pour une sortie initiale en décembre 2017, le film a été successivement repoussé à 2018, puis 2020. Warner Bros. a finalement retiré le projet de son calendrier en 2018 au profit de Wonder Woman 1984, sans annoncer de nouvelle date.

Enjeux actuels

Les derniers développements (2023) indiquent que Mark Wahlberg et le producteur David Ellison (Top Gun : Maverick) poursuivent activement le projet, avec un script en cours d’écriture. Les principaux obstacles restent la résolution des droits d’adaptation, détenus par plusieurs entités depuis des années.

Héritage culturel

La série originale (1973-1978) incarnait une fascination rétrofuturiste pour les augmentations mécaniques, préfigurant les débats contemporains sur l’amélioration humaine. Son mélange d’espionnage, de techno-optimisme et d’éthique scientifique en fait un terrain fertile pour une réinterprétation moderne, si les aléas juridiques et créatifs sont surmontés.

Et vous ? Quel souvenir gardez-vous de cette série ? Avez-vous déjà mimé le bruit de son bras bionique en jouant enfant ? Partagez vos anecdotes en commentaire !