métro de Lille

Il y a des choses comme ça qui reviennent en mémoire sans aucune raison. L’autre nuit, alors que le sommeil me faisait défaut, et pourtant j’en manque, un de mes souvenirs d’enfance m’est revenu en mémoire. Et là, mon ventre s’est tordu, je me suis dit « j’aurais du lui dire, j’aurais du faire quelque chose ».

Mais à 14 ans, lorsqu’on est mal dans sa peau, qu’on est passé du ramassage en bus scolaire à celui de la vie des transports en commun avec le toute confiance de ses parents à ne pas faire de « bêtises », on fait son trajet métro / école / dodo tranquillement.

Et rien ne vient gâcher cette tranquillité de voyages d’un enfant allant et rentrant de l’école parmi tant d’autres. Hormis les retards des bus, grèves du personnel, neige ou autres intempéries qui bloquent le bon fonctionnement de ces rouages métropolitains quotidiens.

Mais ce jour là… je descendais du bus, ligne 50, marque Renault R312 à l’époque, depuis ça a bien changé. Je connais ces détails parce que j’avais un copain féru de transports en commun, il collectionnait tout ce qui y avait en rapport, de la chemise du contrôleur, à la plaque de bus, passant par les dizaines de milliers de tickets de transports en commun ! Et filant d’un pas rapide dans la ligne discontinue des usagers vers le métro adjacent, je dégringolais les marches de l’escalator et mon regard enregistra la scène suivante dans ses moindres détails.

Un jeune-homme à peine la vingtaine, grand, mi-costaud, cheveux foncés, le sourire aux lèvres, vous savez celui de défi du style « Tu n’oseras rien dire hein ? Je sais que tu prends ce métro tous les jours, gare à toi si tu l’ouvres ! » et surtout ce regard ! Braqué sur chaque personne qui le dévisageait en signe du prédateur totalement libre de ses mouvements, hors-la-loi, imbu de la moindre menace des gens de la loi, vous muselait la bouche aussi bien qu’aurait pu le faire un ruban adhésif pour carton de déménagement !

Placé derrière une femme d’âge moyen, surement une mère de famille qui s’en allait à son travail, revenait de chez la nounou après avoir déposer son enfant ou encore allant vaquer à quelques courses, son membre avant droit avait disparu dans le sac a main de celle-ci !

Choquant de voir ainsi un Pic-Pocket en oeuvre aux vues de tous et chacun sans qu’aucun de nous n’ouvre la bouche pour proférer des menaces, une alerte ou tout simplement crier « au voleur ! ». Cela s’est passé si vite, à peine 2 à 3 seconde, la dame et son parasite montant vers la sortie illuminée de l’extérieur qui laisserait le champ libre au malfrat, et moi descendant dans la noirceur de la terre environné de néon diffusant leur pâle lumière artificielle. Comme échangeant les rôles du « bon » et du « mauvais » garçon… Et dans la honte qui m’affligeait le coeur et l’esprit durant plusieurs jours, je me repassais la scène me faisant passer pour le super-héros des bandes-dessinés que je dévorais alors. Et cela ne faisait qu’aggraver mon mal être de cette lâcheté d’enfant timide, coincé et introverti.

La seule chose que je compris ensuite, c’est l’absolu nécessité de certaines femmes, comme ma mère ou ma moitié, de choisir des sacs à main qui se ferment avec des fermetures éclairs et non de simples pressions, comme pour le Desigual offert pour son dernier anniversaire.

Je me suis toujours demandé ce qui s’était passé ensuite.

  • La femme s’en était-elle aperçue ?
  • Qu’était devenu ce voleur ?
  • Quelqu’un a-t-il donné l’alerte ?
  • Qu’avait-il pris à cette femme et aux suivantes ?

 

Je n’aurais jamais les réponses à mes questions. Le temps est passé sur cette bulle d’émotions cristallisées de mon enfance, le moule dans lequel nous sommes élevés ne nous met en aucun cas face à ce genre de situation.

Comment auriez-vous réagi dans la même situation ?

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Papa Blogueur

Blog d'un papa de la métropole lilloise.

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