« Victoire » ? Pfff, quel mot débile dans une situation qui aurait pu tourner autrement avec un poil d’effort de chacun, moi y compris.

J’ai longuement hésité à titrer cet article « Le cycle infernal du non, non, non ».

Pourquoi Victoire alors ?

  • Parce qu’un adulte pense qu’il est plus fort qu’un enfant (ou pré-ado).
  • Parce qu’un adulte ce dit qu’il doit (toujours) avoir raison.
  • Parce qu’un adulte qui n’écoute pas l’état de fatigue de ses enfants estime qu’ils sont capables de se lever pour chercher un p… de bouteille de lait ! Parce qu’un adulte qui s’enfonce dans un
    Parce qu’un adulte pense que s’il capitule sans concession, c’est qu’il n’est pas si « adulte » que ça…
  • Cet adulte c’est moi, ce matin, incapable d’agir, de réfléchir, obstiné, fatigué (ce qui n’est pas une excuse), énervé, oubliant tous les beaux principes qu’ils sait débiter en temps normal.

Mais c’est quoi le temps normal ?

Y a-t-il un « temps » pour réfléchir et adopter les bons procédés d’éducation positive et un autre pour se lâcher ? Non, aucun ! Si on remet toujours à plus tard le fait :

  • d’écouter
  • de parler / discuter
  • de comprendre
  • de dire « oui »
  • de prendre sur soi en oubliant « qu’ils peuvent le faire mais ne veulent pas »

Alors cet adulte n’y arrivera pas !

La petite histoire

Tous les jours (le soir pour le lendemain ou le matin même) on prépare la table du petit-déjeuner.
Les enfants sont capables de mettre leur table, ils le font déjà pour le déjeuner et le dîner.
Les aider pour le matin nous fait gagner du temps, surtout en cette période de fin d’année très fatiguante pour eux.

Et ce matin, la seule bouteille de lait sur la table était quasi-vide. Sauf que… aucun des garçon n’a voulu aller chercher la nouvelle dans le frigo, à moins de 2 mètres d’eux ! C’est tellement mieux si c’est l’autre qui le fera. Question de « rivalité » avec un « pourquoi moi » récurrent ? On en passe et des meilleurs…

Et ce fut le début du grand n’importe quoi.

Alors qu’un simple geste de notre part, surtout de la mienne, aurait pu garantir une matinée agréable et pleine d’amour… Je vous fais grâce des détails, mais quand plusieurs esprits s’entêtent à dire « non » à tour de rôle, on termine dans un pugilat verbal de choses pas très jolies. 🙁

Même si à la fin les excuses, les câlins et les explications ont fusé, le mal a été fait et la frustration, la rancœur, la peine et la tristesse vont rester en nous toute la journée.

Le grand cycle du refus entêté

Vous le connaissez ? Non ?

Alors voici un rapide topo. Et si personne n’ose faire le premier pas pour rompre cette spirale sans fin (qui peut rapidement arriver à des proportions indélicates dans les relations d’une famille), il est très difficile ensuite de repartir sur de bonnes bases.

La source ?

Une connerie, une broutille, un sentiment négatif, un refus ou un mot qui dépasse les bornes… Et si en plus l’état physique ou mental d’un des protagoniste n’est pas au beau fixe, c’est la catastrophe assurée.

Le « non », surtout s’il est répétitif, peut générer un sentiment négatif de la part d’un des protagonistes de la scène. Et je ne vous raconte pas la scène s’il est amplifié par un autre non, un relais de la tâche sur un autre, une accusation, une rivalité, une jalousie excessive, etc.

Les appels au calme de la part d’un tiers peuvent être ignorés, ce qui est dommage car c’est souvent la voix de la raison.

L’échauffement augmente, le ton monte, l’obstination clos la réflexion qui passe en second plan et le cerveau animal (si l’on peut dire) prend le relais. C’est la loi du plus fort qui prime. L’adulte montrera sa supériorité au plus grand, le plus grand à son frère ou sa soeur et ce jusqu’au chien ou chat !

Et qui va « gagner » dans tout cela ? PERSONNE !

Et ensuite ?

Et bien je suis devenu horrible avec tout le monde, et même avec le temps, un semblant de calme revenu, les excuses, l’écoute et les câlins, il reste quoi ?
La tristesse, la honte, la frustration, l’horrible sensation de gâchis, de regret, etc.

Et ça c’est pour moi ! Si j’ose imaginer ce que peuvent penser les garçons, car ma fille a eu l’intelligence de rester en retrait de tout ça, cela serait plutôt :
« Papa ne m’aime pas, il privilégie l’autre, c’est toujours de ma faute, je ne sais rien faire sans qu’il me rouspète, etc… »

En somme, un maelström de sentiments et sensations négatives qui va nous nouer le cœur toute la journée !

Ce que j’aurais du faire…

…et qui pourrait vous servir !

Car au moins se déballage du fond du cœur n’aura pas servi à rien, à part faire éclater l’abcès et le mal de ventre.

  • regarder et écouter les protagonistes de la scène
  • réfléchir avant d’agir ET de parler
  • parler doucement, sans crier, sans s’énerver, sans aucun mots blessants, sans morale à rallonge, sans comparaison à celui qui est « toujours » nickel, sans accusation, etc.
  • reprendre la situation et la décrire, on ne sait jamais que ça fonctionne…
  • savoir prendre sur soi sans prendre la mouche pour un rien et passer à la phase suivante.
  • aider / s’entraider, faire à la place ou participer n’est pas une preuve d’infériorité ou de faiblesse, le compromis existe, dans tous les camps !

Oui je sais ça fait beaucoup !

Pourtant j’ai décris la scène :
« La bouteille de lait est dans le frigo », espérant par là même qu’il comprenne. Après avoir vidé le fond de la bouteille sur la table, la pleine est au frais rien que pour vous. Mais j’y ai mis un ton de reproche, de supériorité, de commandement ! Tss, tss, tss, mauvais tout ça !

J’aurais du

J’aurais du voir que le Grand n’était déjà pas dans son assiette, l’air renfrogné, déjà houspillé pour une affaire de linge sale traînant dans sa chambre. Sa fait beaucoup pour un réveil.

J’aurais du lui voir et comprendre que m’obstiner ne servait à rien.

J’aurais du me lever, bouger mon cul, fermer ma bouche et sortir cette p… de bouteille de lait pour toute la table, pour tout le monde.

J’aurais du lui faire un câlin ensuite, comme ça, sans raison, juste pour lui dire « je t’aime » et penser « je comprends, tu es fatigué, une autre fois sera mieux, hier tu as aidé alors que je n’ai rien demandé, ce soit tu te proposeras peut-être pour faire la cuisine avec moi ou Madame Maman mais là ce matin, non ça ne va pas, alors je ne t’embêterais pas »…

J’aurais du mais je ne l’ai pas fait. 🙁

À propos de l'auteur

Papa Blogueur

Blog d'un papa de la métropole lilloise.

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