Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent

 

Il y a des moments où il faut se dire « au revoir », partir vers de nouveaux horizons, changer d’air, tenter une nouvelle aventure.
Il y a des manières de le faire, des mots à dire, de l’affection à donner… ou non, tout dépend de la personne en face de soi comme toi, cher Internaute fidèle (ou pas).
Il y a des situations intenables qui nous obligent à partir et d’autres non…

« Au revoir, je pars »…

J’ai entendu ces mots il y a peu au parc. Une maman scandait cette phrase d’une voix ferme, pleine d’une autorité toute « naturelle », sans un regard en arrière à sa progéniture laissait sur le tarmac de jeu, refusant de rentrer « at home ».

Pour la maman, c’est un moyen « facile » et « pratique » de repartir chez elle le marmot sur ses talons !

Dans le style : tu vois « gamin » si tu ne file pas droit en me suivant rapidos, je te laisse ici avec les autres « monstres ». Je te l’ai déjà demandé 2 fois, le tout sans réponse. Tu n’en fais qu’à ta tête, tu vas voir qui est la plus forte tête ici, c’est moi qui commande, pas toi, rappliques tes fesses en vitesse.

Réaction instantanée du gamin dans un mélange de hurlements et de jambes qui s’entremêlent, tombent, se relèvent, et courent :

Mamannnnn, attends moi ! J’arrive ! Mammmmmmmmmmaaaaaaaannn !

La mère gronde l’enfant qui est tombé « tu n’est qu’une cruche ! Même pas capable de tenir debout, à 5 ans c’est quand même pitoyable. » et le secoue par le bras pour le faire taire « arrête de pleurer, tu n’es qu’un bébé« …

La maman est fière, elle a assuré son autorité devant les regards médusés des autres parents présents au parc, du style « vous voyez, regardez comment on fait pour partir à l’heure avec ses enfants ! Facile, non ?« …

Tellement facile que la gamin c’est fait tiré par le bras pour sortir du parc toujours en hurlant sa déconvenue.

Mais pour l’enfant, c’est toute une autre histoire… reprenons dans l’ordre.

  • maman tu me parles ? (curiosité)
  • maman ? (pas de réponses)
  • maman tu es où ? (angoisse)
  • maman tu pars sans moi ! (peur)
  • maman veut m’abandonner, elle en m’aime plus ! (peur)
  • maman… j’ai PEUR !
  • maman je crie, je pleure, tu m’écoutes ? (sentiment d’abandon)
  • maman, j’ai encore envie de rester, je n’ai pas terminé mon jeu, (injustice, angoisse)
  • maman, je n’ai pas entendu que c’était l’heure de rentrer, j’étais trop absorbé dans mon activité, mais je n’ai pas le temps ni le pouvoir de te le dire, (sentiment de culpabilité, peur angoisse)
  • maman, je suis tombé, j’ai mal, (douleur, demande d’aide, tristesse)
  • maman, tu ne m’écoutes pas, j’ai mal, j’ai besoin de TOI ! (appelle au secours, abandon, peur, insécurité)
  • maman reviens ! (peur)
  • maman, pourquoi tu me grondes, j’ai mal, je ne comprends pas, tu ne comprends pas, (injustice, peur, angoisse, abandon)
  • maman qu’est-ce que j’AI FAIT pour que tu sois en colère ? (début de colère, « qu’est-ce que j’ai fais » ? C’est de ma faute, je ne comprends pas)
  • maman, je suis en colère, je n’ai rien fais de mal, (injustice, colère, plus de réflexion, de toutes manières quoi que je fasse maman ne changera pas d’avis, donc pourquoi changer ?)
  • maman, je suis nul, je suis un moins que rien, tu me traite de bébé puisque j’en suis un, voilà comment je vais me comporter, de toutes manières pour ce que tu en as à faire de moi… (sentiment infériorité, incapacité à faire les choses soi-même, dépendant de l’autre, tristesse, colère, opposition, …)
C’est affligeant, choquant, dérangeant n’est ce pas ?

Vrai ou Faux ? Chiqué ou Papa Blogueur il dit n’importe quoi ?
Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent
Cet article fait suite à ma lecture est applications des principes d’éducation par empathie du livre « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent« .

Pour moi, en me mettant à la place de l’enfant, c’est ce que j’ai imaginé qu’il puisse ressentir… et ça fait mal au cœur !

En fait, il est nettement plus difficile qu’on ne le croit d’écouter et de d’imaginer ce qu’un enfant peut penser et surtout ressentir. Dans les grandes lignes on pense que… et en fait on peut se tromper à 200%.

Pour exemple, Mr Moyen refuse catégoriquement de se laver les dents depuis 3 jours, repoussant toujours à « après, demain, etc ». Caprice vous me direz, oui possible, cela est déjà arrivé, fatigue, opposition, etc. Sauf que… en discutant on apprend tout à coup qu’il a mal à une dent et que le passage de la brosse dessus n’est pas agréable du tout… Comment l’avons-nous su ? Au lieu de l’obliger, de la menacer, de lui expliquer 200 fois l’histoire des carries, de lui crier dessus pour qu’il se brosse les dents « comme son grand frère », madame maman a juste… demandé « pourquoi ? ».

 » Tu ne veux pas te brosser les dents ?
 » Non, après le couché.
 » Mais après le couché tu dormiras !
 » Demain.
 » Ce soir, pas demain… (je commence à m’échauffer. Maman intervient: ).
 » (J’entends que…) Tu ne veux pas te brosser les dents (?)… (On réaffirme la situation, on l’écoute on répète et accepte ce qu’il dit) (ndlr : surtout pas de question, alors le ton de la voix baisse au lieu de remonter… C’est une déclaration. On résume ce qu’on comprend de la situation, idéalement on nomme tout de suite un sentiment… Du genre, « Tu n’as pas envie de te brosser les dents… »)
 » Non. (Pause maman ne dit rien pour lui donner le temps de décider s’il veut aller plus loin et peut-être dire…)
 » J’ai mal…
 » Tu as mal avec la brosse à dent (?) Ah! comme ça, il y a quelque chose qui te fait mal quand tu te brosses les dents…
 » Oui.
 » C’est la brosse (?). La brosse est trop usée…
 » Non, là, la dent !
« Oh! Cela c’est plus sérieux, je comprends pourquoi tu ne voulais pas brosser cette dent. Ça intensifiait le mal… »

Et hop, en un tour de main, on a appris qu’une de ses dents lui faisait « bobo »… Et on a appris à écouter sans poser de questions 😉 …

Par contre le lendemain, même refrain sauf que… c’était le dentifrice qui était trop fort, le jour suivant, la brosse trop épaisse… bref, on s’en sort tout de même, faut discuter !

Ce n’est pas miraculeux comme méthode, parfois ça plante, faut tenter autre chose, mais depuis qu’on l’applique, plus d’une fois, le coup de tonnerre en approche est mort dans l’oeuf.

Je vous conseille donc vivement la lecture de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent aux éditions du phare (nouvelle édition).

À propos de l'auteur

Papa Blogueur

Blog d'un papa de la métropole lilloise.

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